— En exclusivité, les premières lignes de LA GALERIE. —
Pic épidémique, premier jour
Ari se gara, non sans difficulté, aux alentours de la Gare du Nord à Bruxelles. Durant de longues minutes, il avait tourné à de nombreuses reprises entre les grandes tours de verre sur lesquelles une pluie grasse s’abattait. Finalement, dans une rue adjacente de l’entrée principale de la station, un petit emplacement s’était libéré. Le stationnement y était interdit, mais en ces temps de crises, qui allait lui mettre une prune ? La police ? Certainement pas dans ce coin de Bruxelles où ils avaient mieux à faire avec ces incessants flots de réfugiés et cette satanée vague virale.
Sa voiture méritait un bon coup de Karcher, un nettoyage intérieur n’était pas du luxe non plus. Un paquet vide de cigarettes tomba de la portière, ainsi que deux ou trois tickets de parking usagés. Il ramassa le tout et chercha une borne du regard. Il était un peu moins de dix-neuf heures, la rue se vidait d’âmes humaines pour laisser la place à quelques fantômes. Il laissa définitivement tomber l’idée de payer. « De toute manière, je n’en ai que pour dix minutes », pensa-t-il.
Sur le trottoir, devant une brasserie, quelques fumeurs discutaient de la pluie et du beau temps qui n’était pas au programme. Lorsqu’Ari passa à côté d’un duo de piliers de comptoir, il tendit l’oreille et ralentit le pas. Il était question de l’allocution imminente de la Première ministre au sujet des nouvelles mesures de sécurité prises pour éviter la propagation incontrôlée du nouveau virus BTA12. « Elle parlera à dix-neuf heures pile », affirma l’un d’entre eux en recrachant la fumée en direction de son collègue.
Ari hâta le pas vers la gare. Avec un peu de chance, il serait de retour à l’heure dans la voiture pour écouter ce que la chancellerie allait encore débiter comme poudre politique. La pluie se fit plus perçante quand il arriva à quelques mètres de l’entrée, encore parée des attributs des fêtes de fin d’année.
Étonnamment, le hall était relativement bondé ! Il s’assura de l’heure et chercha Juan du regard. Il y avait des noirs, des blancs, des jaunes, des Flamands, des francophones. On entendait parler espagnol, catalan même, et tout ce beau monde avait les yeux rivés sur les immenses panneaux d’affichage où s’étalaient les heures de départ, les numéros de voies et les destinations. À quelques mètres d’Ari, un groupe d’une dizaine de policiers discutait tout en balayant furtivement du regard les passagers d’un côté, et de l’autre les dizaines de migrants assis sur les bancs en acier.
Toujours pas de Juan à l’horizon. Il toucha la clef USB dans la poche de son pantalon. Elle était toujours là. Heureusement, car non seulement elle valait son pesant d’or, mais en plus, comme cela avait été convenu, il n’avait aucune copie des données qu’elle contenait. La dernière livraison devait avoir lieu, celle qui libérerait le solde de la transaction. Personne ne fait l’impasse sur cent mille euros.
Le téléphone d’Ari sonna.
L’épisode complet sera disponible dès le 25 mars.
Bonne description des alentours de la gare de Bruxelles.je rentre bien dans le livre, envie d en savoir plus .
Merci beaucoup pour votre commentaire, Christine. Et bonne lecture (confinée) à vous.
“Une pluie grasse” “poudre politique” … Creuse le sillon, c’est ce qui fait la différence (pour moi)
(L’intrigue est posée, …. Pourvu qu’il n’aille pas mouiller tous se billets ….)
Parfaitement dans l air du temps, le switch entre les belgissismes et les codes français est naturel. On a bien le décor en tête. Ce n est pas mon style de lecture habituel mais hâte de découvrir la suite…
Merci Laurence 🙂 et bonne lecture !